Karibou!
Le pois du Cap, gros pois ou haricot de Lima est une plante cultivée à Mayotte depuis des lustres. Sa culture a lieu pendant le mois de Décembre jusqu’au mois de mars. Cette période correspond à la saison des pluies. La récolte est faite aux alentours de 9-10 mois plus tard. Sur la photo ci-dessus, c’est la récolte de cette année, elle est bonne, les grappes sont généreuses. Il existe plusieurs variétés de pois du Cap, les couleurs varient du blanc, rouge, rose, violet. On trouve aussi des bicolores. Les goûts, les parfums et les textures sont différents. Par exemple, le gros pois blanc a un parfum très léger tandis que celui du gros pois rouge est fort prononcé. Toutefois, c’est un parfum agréable!
Le pois du Cap est utilisé dans différentes cuisines:
- en Colombie, il est cuit avec des carottes dans un ragoût de boeuf bien épicé! C’est succulent!
- au Pérou, il est préparé dans des soupes de légumes, de poulet, de viande…
- à Maurice, le cari de gros pois est consommé en cari parfumé aux épices tels que le curcuma, curry….
- à la Réunion, les gros pois sont cuisinés en cari avec du boucané, ils font également office de garnitures. Ils accompagnent différents plats.
- à Mayotte, le haricot de Lima entre dans la composition de différents plats au lait de coco, aux tomates, soupe, bouillon, en purée…
En étant créatif, on peut réaliser d’autres plats.
Sur l’île de Mayotte, le gros pois est cuit de diverses façons. Aujourd’hui, je vais concocter un romazava de gros pois. Un plat que je prépare régulièrement pendant la récolte des gros pois. Il y a un ingrédient spécial qui apporte son goût au romazava, c’est le bilimbi!
En plus des bilimbis, j’ajoute du thon jaune. Comme le bilimbi, il parfume délicatement ce plat de gros pois. Le poisson est frit nature ou aux épices. Personnellement, j’aime les deux. Pour cette soupe de légumineuse, j’ai préféré frire les morceaux de poissons en y mettant que du sel. Pendant la cuisson du poisson, nous avons ajouté quelques tranches de bananes vertes épluchées pour croquer avec quelques petits bout de poissons. En attendant que le plat soit prêt…
Ce romazava est traditionnellement cuisiné avec un poisson à chair ferme, comme l’espadon, le thon ou le capitaine, mais aussi au poulpe ou à la viande de boeuf. J’aurais bien volontiers préparé cette dernière version, mais voilà, on ne trouve pas toujours ce que l’on veut et je me suis dit que pour faire découvrir cette recette un peu particulière et forte en saveur au plus grand nombre, il fallait peut-être mieux choisir un médium plus neutre, comme le thon pour sa sa saveur délicate.
La soupe de gros pois frais peut être réalisé avec d’autres poissons comme la dorade coryphène, les carangues, les darnes de gros vivaneaux. Cependant veillez à bien enlever les arêtes. Ainsi vous pourrez savourez votre soupe en toute tranquillité.
Ce plat est d’une facilité déconcertante malgré cela, nous n’avons plus l’occasion d’accueillir ce romazava dans nos cuisines comme tant d’autres plats. Toutefois, on trouve ce plat chez certains ferventes et fervents des traditions campagnardes. Pourtant je crois que c’est l’une des rares façon qui nous reste de faire comprendre à tous l’importance de se nourrir sainement et l’apport immédiat des bienfaits de la culture vivrière.
Le bilimbi est un fruit vert-clair ou vert-foncé oblong qui est très utilisé dans la cuisine mahoraise. L’arbre du bilimbi donne des fruits presque toute l’année. Il parfume et apporte une légère acidité au plat. Dans le romazava, il occupe une place essentielle et plus particulièrement pour le romazava de gros pois.
Sur la photo ci-dessus, les bilimbis ont été dépouillés de leur peau verte. Cette dernière est taillée en longueur et sera ajoutée dans la soupe. Tandis que le reste du fruit, les gros bâtonnets blancs serviront d’engrais naturel dans le jardin.
Le gros poids est un produit que j’aime depuis l’enfance, figurez-vous qu’il pousse très bien à Mayotte où les terrains sont humides en saison des pluies, à l’exception des remarquables padzas qui absorbent peu d’eau.
Je me rappelle que nous traversions des chemins et des champs pour aller planter des gros pois pendant la saison des pluies. Nous gardions nos graines dans un nœud de châle. Arrivés aux champs, nous défaisions les nœuds et nous prenions soin de bien planter nos graines. Ces dernières étaient semées au pied de gros rocher pas très hautes mais larges ou à côté de tuteurs comme les maniocs, les pignons d’Inde etc… C’est une plante à croissance rapide, une semaine après la culture, nous trouvions des plantes d’environ 30 cm. Nous étions heureux et impatients d’arriver au mois d’août pour la récolte. A cette période, les fruits abondaient. Lors de la cueillette, il y avait du monde, un moment convivial!
Pas de demi-mesure quand nous cuisinions les gros pois, nous ne voulions voir que des marmites bien remplies. Nous mangions le plat de romazava de gros pois le soir. Au petit-déjeuner, avant d’aller à l’école, nous prenions une généreuse dose de riz et de gros pois pour affronter la longue journée. A cette époque, le mauvais chocolat et les chips fluos oranges étaient alors peu répandus.
Le romazava de gros pois frais est assez long à préparer cependant il ne demande aucune technicité particulière. Il faut de la patience. Munie d’un vanne, je m’en vais cueillir les gousses vertes de gros pois. Une fois, cette tâche effectuée, je détache quelques bilimbis du tronc. Je déroule la natte, je m’assieds et c’est parti pour un bon moment. L’écossage des gros pois n’est pas long…
An tanana ato, zé mitia mahandro romazava, ti haniñi mahivaña dréki massirou… Ato, Zé djabi mitia romazava mahiboulani, tah zaza mena! Rangou, za m’bola héli, za mitia mahiboulani. Zé mihanbiñi mahiboulani fa maventy vouha tsara, zé mandeha mistsakaraka, manpoka tah gondra djabi fénou! M’voli néti moikati! Mahiboulani aharou na dréki m’bassi, n’dréki madirou. Kouraña nety soifi! Vava tsy bouka, vava massirou! Ka na massanki, atova pilipili kély kély…
Un romazava moelleux parfumé aux fruits et aux poissons. On s’en lasse pas par ici…
Massirou!Ingredients
Instructions
Notes